Haut lieu historique du Sud-Ouest.
Halte raffinée entourée d’art et de beauté.
C’est dans un paysage de rêve au cœur du Gers, au sein d’une ancienne tannerie du 18ème siècle, que la décoratrice Christèle Ageorges a imaginé une maison d’hôte rustique et poétique faisant la part belle à l’art et à l’artisanat. En pleine campagne gersoise, derrière ses hauts murs de calcaire, la Manufacture royale de Lectoure se dresse au soleil. Par temps clair, la chaîne des Pyrénées se dessine au loin.
C’est sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle que Christèle Ageroges, scénographe et styliste dans la décoration, et son mari, Hubert Delance, ont relevé le pari de restaurer cette ancienne tannerie royale abandonnée en maison d’hôte monacale et raffinée.
Christèle y a apporté tout son sens de l’esthétisme et du détail, son amour pour les belles matières, les formes, les couleurs et les jeux de lumières. Douceur et sérénité règnent dans chaque pièce de la Manufacture. Vert pistou, jaune panisse, beige pistaché… une palette de teintes méditerranéennes fait entrer la nature et la lumière du sud à l’intérieur de la maison. Appliquée à la brosse sur les murs de la Manufacture, la chaux façonne des ambiances feutrées, douces et chaleureuses, marquées et effacées.
Christèle nous raconte comment elle a réveillé l’âme de la Manufacture en couleurs.
Votre parcours en quelques mots ?
“Après des études de communication et d’histoire de l’art j’ai été styliste déco pour des magazines et marques de décoration pendant 30 ans – Elle Décoration en particulier – à Paris, avant d’avoir un coup de coeur pour Lectoure et de décider d’y monter un projet.”
Comment est né le projet d’ouvrir une maison d’hôtes ?
“J’avais envie de créer un lieu “à mon image”, ou en tous cas qui raconterait tout ce que j’aime et exprimerait ma propre vision de l’art de vivre. Après 30 ans à créer des décors éphémères pour des photos, l’idée s’est imposée de réaliser « en vrai » ce qui n’existait qu’en images. C’était un projet et cela aurait pu tout aussi bien se traduire par une boutique ou un salon de thé, mais lorsque nous avons découvert cette ancienne tannerie du XVIIIe à vendre, l’idée de la maison d’hôtes a été un des points de départ du projet. J’aime recevoir, et les personnes qu’on accueille ici semblent tellement heureuses d’être là que cela semble maintenant une évidence.”
Trois adjectifs pour décrire La Manufacture Royale de Lectoure ?
” Sereine, douce, inspirante.”
Quelle est l’histoire de La Manufacture et pourquoi avoir choisi ce lieu en particulier ?
“Le bâtiment a été construit au XVIIIe siècle par des négociants toulousains pour en faire une tannerie de cuirs qui allait devenir Manufacture Royale, d’où une architecture prestigieuse reprenant les éléments classiques du 18e.
Après une centaine d’années d’activité, le bâtiment a été une distillerie, une salle de bal, un cinéma, avant d’être transformé en maison de retraite entre les années 1960 et 1990. Il a ensuite subi 30 ans d’abandon, de squats et de délabrement avant que notre chemin (au sens propre du terme puisque nous marchions sur le chemin de Compostelle) nous mène à lui. J’aime dire que c’est ce lieu qui nous a choisis. Nous avons été charmés par l’architecture du bâtiment, pas trop effrayés par l’intérieur complètement délabré et insalubre, et avons décidé que ce serait une belle page blanche pour un nouveau projet. Entre l’ébauche du projet, les recherches de financement et les travaux, 5 ans se sont écoulés.”
Quelles ont été vos inspirations dans la rénovation et l’aménagement de la Manufacture ?
“En tant que styliste deco j’avais déjà un univers bien défini, j’ai toujours beaucoup admiré les réalisations d’Axel Vervoordt, un esprit brut et simple associé à des matériaux nobles et naturels. J’y ai apporté une touche de douceur plus féminine. Le lieu était un bâtiment industriel, il n’était pas question de le transformer en chateau ou maison XVIIIe; nous avons gardé l’esprit sobre du lieu. Sans compter que nous partions de rien puisque la maison de retraite avait déjà beaucoup modifié le bâtiment, et que les squatteurs s’étaient appliqués à casser à peu près tout. Des murs à la chaux, quelques détails raffinés, du mobilier chiné mêlé à quelques pièces contemporaines, des pièces d’artisanat, rendent le lieu à la fois reposant et chaleureux.”
Quelle palette de couleur avez-vous utilisé pour ce lieu ?
“J’ai toujours eu un goût particulier pour la couleur, surtout les couleurs douces et naturelles. Dans mes photos de stylisme ou mes scénographies il était rare que je ne mette pas une touche de rose pâle dans mes natures mortes ou mises en scène. La nature, la végétation, ont été autant de sources d’inspiration dans mon métier comme dans ma vie. Ici les couleurs de la pierre et de la nature environnantes se sont imposées à moi. La pierre calcaire est blanche, douce et lumineuse; les collines du Gers passent du vert tendre au blond doré, les ciels se parent de roses au lever et au coucher du soleil. Toutes ces nuances créent une atmosphère douce et chaleureuse que j’ai voulu retranscrire à travers une gamme de 20 couleurs de chaux créées en partenariat avec la marque Mercadier et commercialisées aujourd’hui sous le nom « Manufacture Royale de Lectoure ». Ce sont 20 teintes des roses chaleureux aux verts élégants, tellement en harmonie avec le lieu qu’elles semblent avoir été là depuis l’origine. Ces nuances en demi-teintes révèlent la simplicité des pierres, la rudesse du bois et la sobriété du lieu. Aussi belles côté nord que sous le soleil du sud, jamais tout à fait la même, chaque teinte joue avec la lumière du lieu et fait vibrer les murs.”
Comment faites vous dialoguer Art et Patrimoine ?
“J’aime faire dialoguer le patrimoine du 18e avec des pièces contemporaines. Une fois de plus je suis séduite par la force d’une ligne, la subtilité des couleurs, le savoir faire de la main. Ou par un objet ancien, voire antique mais d’une belle simplicité et dont l’usure se voit. C’est le patrimoine qui révèle la force et la beauté d’une sculpture ou d’une photographie contemporaine.”
Quelle est votre pièce préférée de la Manufacture ?
“Ma pièce préférée est la cuisine. Située dans une des tours du bâtiment, elle est ouverte sur le jardin et j’y travaille sur une table Knoll sous un lustre à pampilles. Un sol de tommettes anciennes retrouvées dans les greniers a été la base de la couleur des meubles de cuisine. Un équipement semi-pro de la marque Gaggenau la rend très fonctionnelle et rien ne vaut l’odeur d’un gâteau qui cuit !”
Quel serait le projet de vos rêves ?
“Je viens de le terminer, mais le rêve maintenant ça serait que ça marche pour qu’on puisse continuer à le faire vivre !”
La Manufacture accueille-t-elle des artistes en résidence ?
“Non pas encore de résidences d’artistes tout simplement parce qu’on ne peut pas se le permettre économiquement mais j’aimerais beaucoup. Nous accueillons quelques expositions de façon éphémère sur quelques jours. Comme pour tout ce qui a été choisi ici, les artistes sont les bienvenus si leurs oeuvres sont en harmonie totale avec l’esprit du lieu. Il faut que les oeuvres puissent faire partie intégrante du lieu.
Nous exposerons les peintures de la peintre Swan Scalabre entre le 28 Octobre et le 1er Novembre.”
INFORMATIONS PRATIQUES
Crédits © 2023 texte – Caroline Duperray
LdG Art & Patrimoine