
Artiste globe-trotteuse à l’univers ONIRIQUE,
aux œuvres colorées et graphiques.
Rencontre avec une artiste engagée haute en couleurs.
Aurélie Andrès nous embarque dans des voyages imaginaires par des œuvres colorées inspirées de la nature, comme autant d’ histoires qu’elle peint tant sur une toile que sur un mur ou même sur un van, toujours pour la bonne cause !
Après des débuts dans le design textile à Paris et plusieurs collaborations avec de grandes marques, Aurélie a installé son atelier à Biarritz au plus près des vagues et de l’appel du large. Aujourd’hui à la fois designer, peintre, illustratrice et muraliste, son talent est aussi large que sa soif d’aventures et sa générosité. Un sens du partage artistique et humain est au cœur de sa démarche. C’est une artiste engagée dont le travail se nourrit des découvertes des peuples aux quatre coins du monde, de leurs coutumes et de leurs arts ; tout en soutenant leur savoir-faire et en participant à l’éducation locale. Aurélie fait partie de ces artistes engagés à la créativité sans limite qui par ses créations met également en lumière les problèmes écologiques et prône un retour à la nature et à la simplicité.
De retour du Burkina Faso, elle se prépare pour sa prochaine destination, Rome, où elle exposera chez LdG Art & Patrimoine, pour la première fois une série d’œuvres sur toiles en différents formats inspirées de la nature et des mythes romains.
Rencontre avec une artiste aventurière à la joie de vivre communicative.


Votre style en quelques mots ?
“J’ai commencé par dessiner des fresques souvent bicolores. Une fresque bleue et blanche que j’ai peinte à New-York est vraiment la première où je me suis trouvée graphiquement. Il y a une réelle envie de simplicité, de quelque chose d’épuré dans mon travail. Je voulais que cette fresque soit graphique mais tout de suite évocatrice. Je me suis aussi intéressée à l’art Égyptien très minimaliste pour aller à l’essentiel, cela résonnait beaucoup pour moi à ce moment-là. Donc mon style a commencé comme ça : coloré, graphique, instinctif. J’aime aussi le challenge de travailler mes fresques sur différents supports, du tissu à un mur de ville. Depuis 2020, j’utilise la technique du scotch sur des petits formats pour créer les contours et reliefs de mes dessins. Il est devenu mon nouveau pinceau !
Le retour à l’enfance est aussi important pour moi : s’autoriser à rêver et à redevenir enfant. Il y a un lien avec l’enfance, le rêve, dans mes fresques, on pourrait les dire naïves et simplifiées.”
Les peintres ou courants artistiques qui vous inspirent ?
“Mon art s’apparente à de l’art naïf, par l’aplat de couleurs vives, et le lien à la nature qui est central dans mon travail. Le mot naïf vient du latin nautilus, “qui né et né naturel”. Cela me parle énormément. On retrouve aussi le fauvisme, c’est un art fondé sur l’instinct. Quand je peins des fresques avec du scotch, c’est à l’instinct : je mets la peinture et quand j’enlève les bandes, le résultat devient une surprise. Évidemment, Matisse m’inspire, sa vie est inspirante, il est parti peindre sur les îles à l’autre bout du monde, il a voyagé, les couleurs l’ont toujours inspirées.”
Votre rapport à la nature et aux voyages ?
“Pour m’inspirer j’ai besoin d’aller vivre des choses qui m’intéressent pour les retranscrire dans mon art. Par exemple, j’ai passé 2 mois en Colombie dans la jungle. C’est un voyage immersif qui me tenait à cœur, un besoin de me reconnecter à la nature, prendre le temps d’observer et être loin de nos habitudes occidentales. Intimement, je ressentais ce besoin, cette envie de peindre dans cette direction-là mais une nécessité d’aller le vivre pour créer d’après un vécu.
Je rentre d’ailleurs du Burkina Faso à Ouagadougou où j’ai travaillé sur un projet de 2 mois pour développer une nouvelle technique de tissage avec des artisans. C’est un programme social : je travaillais pour une ONG Ethical Fashion – programme financé par l’Union Européenne en coordination avec l’ONU – qui est missionnée de créer un nouveau tissage à partir de tissus défectueux (souvent issu de programme de formation au tissage où des mètres de tissu sont produits avec des erreurs et donc invendables). Là-bas, nombre d’œuvres artisanales sont confectionnées à partir de la nature ou de récupération, comme par exemple la création de bijoux en bronze issu de vieux robinets; ou les teintures directement issues de la terre.”


Vos voyages influencent-ils votre travail et votre créativité ?
“En Colombie, j’ai passé du temps dans une communauté indigène. On revient vraiment à la base, les peuples premiers. J’ai observé comment ils vivaient. Ils ne sont pas du tout dans des vies archaïques et justement c’est très intéressant de voir comment ils vivent à notre époque en lien avec la nature. C’est très instructif.
Au Burkina Faso j’ai découvert des gens dans une société comme la nôtre, mais qui n’a pas la notion du tout de ce que c’est le plastique. Ils sont bien plus en lien avec la nature que nous dans leur façon de travailler. Tout est prétexte à la récupération et à la débrouillardise. J’apprends beaucoup là-dessus en ce moment : on peut faire des choses sans utiliser milles techniques ou technologies, ni même de l’eau… Cela m’inspire pour mes futures créations. En janvier, j’ai peint une fresque : une peinture sur un van pour une association Water Family qui va faire de la sensibilisation sur l’environnement dans les écoles. En février et mars, je me pose quelques semaines dans le pays basque. J’essaye de m’isoler encore une fois face à l’océan pour créer pour ma première exposition personnelle, au mois d’avril, à Rome.”
La lecture aussi, comme source d’inspiration ?
“La littérature m’aide de plus en plus. Je prends le temps de lire des romans littéraires et d’aventures, de Jules Verne à Tesson un aventurier poétique ou jusqu’à Mike Horn qui nous emmène dans des aventures complètement folles. Cela m’aide à me dépasser dans mes voyages, me permet aussi de vivre des aventures que je ne me serais peut-être pas permises. Parallèlement, je me penche également sur le monde des légendes.
Les mythes sont des récits fabuleux qui mettent en scène des êtres comme des dieux, demi-dieux, animaux, nature. Chargés de sens, ils ont toujours joué un rôle social fondamental et fondés sur de réelles croyances. Les mythes mettaient souvent sur un même pied d’égalité l’homme, l’animal et la nature. Il y a une part de rêve et un retour aux origines de nos civilisations. Je pense que l’on doit encore raconter des histoires, pour enfants mais aussi pour les adultes. On a le droit de s’autoriser à rêver !”


Votre gamme de couleurs préférée ?
“Au Burkina Faso j’ai appris la technique du Bogolans, c’est une technique de teinture qui est 100% naturelle, issue de plantes et d’argile fermenté. L’argile va créer une réaction chimique avec une plante qui est forte en tanin, qui va produire une couleur noire. Cela nous montre que l’on peut, à partir de produits 100% naturels, continuer à créer dans le textile ou même dans l’art. La gamme de couleurs qui m’inspire c’est une gamme de couleurs issue de la terre. J’ai vu la variation, il y en a énormément. Il faut faire des recherches et de nombreux mélanges. Mon prochain challenge c’est de faire une fresque à partir de pigments naturels. Et si on arrivait à peindre à partir de ce que la terre nous donne ?
Aussi je ne me restreins pas, il faut juste trouver la bonne plante, la bonne technique, trouver l’’équivalent. L’idée c’est de montrer qu’on peut faire plein de belles choses avec des produits naturels qui ne vont pas dégrader ni déranger l’environnement. Arriver à composer au maximum avec ce que la nature nous offre.”
Des petits indices sur votre exposition romaine qui aura lieu en avril ?
“C’est totalement en relation avec ce que je viens de vous parler. Ce sera lié à Rome et ses secrets et légendes ainsi qu’ à la création de Rome. On parlera de mythologie romaine liée à des histoires venues d’autres horizons. J’aimerais ainsi proposer une pensée universelle de notre lien à la nature tantôt protectrice, tantôt plus mystérieuse, en gardant cette idée de rêve, d’imaginaire.
Pour la première fois, je ne vais utiliser que des supports et pigments naturels. Et habituée à des fresques murales et grands formats, je vais cette fois produire une série de tableaux en différents formats et différentes tonalités, comme autant d’histoires…” Bref un vrai challenge cette exposition !


INFORMATIONS PRATIQUES
Crédits © 2021 Aurélie Andrès et Elodie Villalon
texte – Laetitia de Galzain
LdG Art & Patrimoine